2015.03.02_Article sur le financement des "climato sceptiques" | |
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Rapport wwf 2014
2014.10.2_rapport_wwf.doc | |
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«On ne pourra pas s’adapter à tout»
MICHEL DE MUELENAERE
Le soir Vendredi 14 février 2014
Inondations L’analyse du climatologue Jean-Pascal van Ypersele
Pluies et tempêtes balayent le Royaume-Uni depuis décembre. Hivers doux, humides, venteux, nouveau paradigme climatique?
Entretien
Une crise naturelle quasiment sans précédent» se poursuit depuis des semaines au Royaume-Uni. Jeudi, la tempête a à nouveau frappé le sud-ouest du pays. Par endroits, la Tamise a atteint son plus haut niveau depuis 60 ans; 16 alertes sérieuses d’inondation et 128 alertes étaient en cours. Et la journée de vendredi s’annonçait également calamiteuse. Selon les autorités, 1,3 million d’habitations et 2.500 km2 de terres agricoles ont profité des protections offertes par les digues. Mais 5.800 propriétés ont été inondées; au pays de Galles, 147.000 foyers ont été privés d’électricité.
Depuis décembre, la façade atlantique de l’Europe est balayée par des dépressions qui ont amené des vents violents, de la douceur et des pluies surabondantes. Cela concerne directement la Belgique, bien que nous n’ayons pas été les plus affectés. Jean-Pascal van Ypersele, professeur de climatologie à l’UCL recadre le débat.
Doit-on y voir la nouvelle normalité de nos hivers de plus en plus affectés par le réchauffement climatique?
Il y a une loi physique très simple: un air plus chaud contient plus de vapeur d’eau. Les quantités qui peuvent tomber sous forme de pluie ou de neige sont donc plus importantes. Si la température est suffisamment basse, ce sont des chutes de neige. Logiquement, avec la hausse de la température, celle-ci est remplacée par de la pluie. C’est une tendance bien installée. Il s’agit d’une moyenne: cela ne veut pas dire qu’il n’y aura plus de variations, des hivers froids. Mais dans un rapport (www.climate.be/impacts) rédigé il y a tout juste dix ans sur les impacts du changement climatique en Belgique, j’évoquais la multiplication d’hivers doux et humides et d’été secs et chauds. Cela reste d’actualité.
Quid des tempêtes?
C’est plus difficile à dire. L’étude de ces phénomènes demande des modèles de résolution beaucoup plus fins. Il faut rester prudent. Mais si on peut discuter longtemps là-dessus, une chose est sûre l’élévation du niveau de la mer (20 cm en 100 ans) aggrave mécaniquement les conséquences de n’importe quelle tempête.
Les événements récents mettent en évidence une certaine fragilité de nos pays…
Les coûts des dégâts causés par les tempêtes et les inondations seront très importants. Mais comparés aux inondations historiques de 1953, ils seront bien moindres. A l’époque, le Royaume-Uni avait enregistré 307 décès, 24.000 propriétés affectées et 65.000 hectares inondés.
Mais le Giec est clair: le changement climatique est sans équivoque. Il est en cours; on en voit de plus en plus clairement les effets. Nous allons vers un climat de plus en plus différent. Ce que nous voyons n’est qu’un début. Les conséquences pour les régions côtières ou pour l’agriculture seront de plus en plus sensibles.
Peut-on se prémunir?
Il faut certainement se préparer, mettre en place des mesures d’adaptation. Mais cela va coûter cher. Il serait erroné de croire qu’on va pouvoir s’adapter sans dommages ni pertes à tous les événements extrêmes qui risquent de se multiplier et de s’aggraver.
A un moment, l’adaptation ne sera plus possible. Sur les côtes britanniques, par exemple, de nombreux villages sont à la limite ou sous le niveau de la mer. Dans certains endroits, on va devoir reculer.
La préoccupation pour le dossier climatique vous paraît-elle être à la hauteur de l’enjeu?
Dans la plupart des pays, y compris en Belgique, le climat est passé à l’arrière-plan. Beaucoup de décideurs n’ont pas encore pris la mesure de ce que représente le changement climatique. J’ai un peu le sentiment de répéter les mêmes choses depuis 20 ans. On parle davantage du climat, mais on n’a pas encore pris des mesures ayant mené à des changements structurels, à la révolution nécessaire dans la manière de consommer l’énergie, de produire, de nous transporter, de nous alimenter…
MICHEL DE MUELENAERE
MICHEL DE MUELENAERE
Le soir Vendredi 14 février 2014
Inondations L’analyse du climatologue Jean-Pascal van Ypersele
Pluies et tempêtes balayent le Royaume-Uni depuis décembre. Hivers doux, humides, venteux, nouveau paradigme climatique?
Entretien
Une crise naturelle quasiment sans précédent» se poursuit depuis des semaines au Royaume-Uni. Jeudi, la tempête a à nouveau frappé le sud-ouest du pays. Par endroits, la Tamise a atteint son plus haut niveau depuis 60 ans; 16 alertes sérieuses d’inondation et 128 alertes étaient en cours. Et la journée de vendredi s’annonçait également calamiteuse. Selon les autorités, 1,3 million d’habitations et 2.500 km2 de terres agricoles ont profité des protections offertes par les digues. Mais 5.800 propriétés ont été inondées; au pays de Galles, 147.000 foyers ont été privés d’électricité.
Depuis décembre, la façade atlantique de l’Europe est balayée par des dépressions qui ont amené des vents violents, de la douceur et des pluies surabondantes. Cela concerne directement la Belgique, bien que nous n’ayons pas été les plus affectés. Jean-Pascal van Ypersele, professeur de climatologie à l’UCL recadre le débat.
Doit-on y voir la nouvelle normalité de nos hivers de plus en plus affectés par le réchauffement climatique?
Il y a une loi physique très simple: un air plus chaud contient plus de vapeur d’eau. Les quantités qui peuvent tomber sous forme de pluie ou de neige sont donc plus importantes. Si la température est suffisamment basse, ce sont des chutes de neige. Logiquement, avec la hausse de la température, celle-ci est remplacée par de la pluie. C’est une tendance bien installée. Il s’agit d’une moyenne: cela ne veut pas dire qu’il n’y aura plus de variations, des hivers froids. Mais dans un rapport (www.climate.be/impacts) rédigé il y a tout juste dix ans sur les impacts du changement climatique en Belgique, j’évoquais la multiplication d’hivers doux et humides et d’été secs et chauds. Cela reste d’actualité.
Quid des tempêtes?
C’est plus difficile à dire. L’étude de ces phénomènes demande des modèles de résolution beaucoup plus fins. Il faut rester prudent. Mais si on peut discuter longtemps là-dessus, une chose est sûre l’élévation du niveau de la mer (20 cm en 100 ans) aggrave mécaniquement les conséquences de n’importe quelle tempête.
Les événements récents mettent en évidence une certaine fragilité de nos pays…
Les coûts des dégâts causés par les tempêtes et les inondations seront très importants. Mais comparés aux inondations historiques de 1953, ils seront bien moindres. A l’époque, le Royaume-Uni avait enregistré 307 décès, 24.000 propriétés affectées et 65.000 hectares inondés.
Mais le Giec est clair: le changement climatique est sans équivoque. Il est en cours; on en voit de plus en plus clairement les effets. Nous allons vers un climat de plus en plus différent. Ce que nous voyons n’est qu’un début. Les conséquences pour les régions côtières ou pour l’agriculture seront de plus en plus sensibles.
Peut-on se prémunir?
Il faut certainement se préparer, mettre en place des mesures d’adaptation. Mais cela va coûter cher. Il serait erroné de croire qu’on va pouvoir s’adapter sans dommages ni pertes à tous les événements extrêmes qui risquent de se multiplier et de s’aggraver.
A un moment, l’adaptation ne sera plus possible. Sur les côtes britanniques, par exemple, de nombreux villages sont à la limite ou sous le niveau de la mer. Dans certains endroits, on va devoir reculer.
La préoccupation pour le dossier climatique vous paraît-elle être à la hauteur de l’enjeu?
Dans la plupart des pays, y compris en Belgique, le climat est passé à l’arrière-plan. Beaucoup de décideurs n’ont pas encore pris la mesure de ce que représente le changement climatique. J’ai un peu le sentiment de répéter les mêmes choses depuis 20 ans. On parle davantage du climat, mais on n’a pas encore pris des mesures ayant mené à des changements structurels, à la révolution nécessaire dans la manière de consommer l’énergie, de produire, de nous transporter, de nous alimenter…
MICHEL DE MUELENAERE
Les alizés du Pacifique, clés de la " pause " du réchauffement
Le monde 12 février 2014
Le monde 12 février 2014
L'intensification des vents provoque un rafraîchissement des eaux de surface, faisant chuter de 0,1 oC à 0,2 oC la température mondiale en 2012
Depuis un peu plus d'une décennie, la température moyenne de l'atmosphère n'augmente plus aussi vite qu'au cours des trente années précédentes. Ce fait pourrait n'être qu'anecdotique : seul 1 % de la chaleur introduite dans la machine climatique par les gaz à effet de serre anthropiques est en effet converti en réchauffement de l'atmosphère, quand 99 % contribuent à celui des océans, des terres émergées, à la fonte des glaces, etc.
Ce ralentissement alimente toutefois, dans la blogosphère, toutes sortes de spéculations sur une supposée " fin du réchauffement ". Dans les laboratoires, il suscite de nombreux travaux, dont les derniers ont été publiés, lundi 10 février, dans la revue Nature Climate Change.
De précédentes recherches avaient suggéré qu'une part de la chaleur ajoutée au système climatique par les émissions de gaz à effet de serre est, depuis le début des années 2000, soustraite à l'atmosphère pour être stockée dans les océans. Les nouvelles investigations, conduites par Matthew England (université de Nouvelles-Galles du Sud, Australie), vont plus loin. Elles identifient le mécanisme à l'origine de ce phénomène : la clé de l'énigme pourrait être une amplification des alizés soufflant sur le Pacifique.
L'intensification de ces vents accentue les remontées d'eau froides dans l'est du Pacifique et pousse les eaux chaudes équatoriales vers l'ouest du bassin, au large de l'Océanie. Là, des courants plongeants facilitent leur transfert vers l'océan profond. Une grande part des eaux de surface du Pacifique est ainsi " rafraîchie " par l'intensification des alizés. Selon le modèle utilisé par M. England et ses coauteurs, ce phénomène a fait perdre de 0,1 oC à 0,2 oC à la température moyenne mondiale en 2012.
Cependant, selon les chercheurs, cette modification du régime des vents équatoriaux n'est que momentanée. Elle est associée à un cycle naturel du Pacifique, qui oscille tous les vingt à quarante ans environ, entre une phase froide et une phase chaude. Depuis 2001, cette oscillation, dite Oscillation Pacifique interdécennale (IPO), est en phase froide. Les auteurs notent que c'était également le cas au cours d'" une autre période d'hiatus prolongé, entre 1940 et 1975 ", qui a vu une stagnation de la température moyenne de surface.
" Il faut garder à l'esprit qu'en prenant d'autres façons de mesurer le réchauffement, comme la fonte de la banquise arctique, le changement climatique se déroule en réalité déjà plus vite que prévu ", tempère Michael Mann, directeur du Earth System Science Center (université de Pennsylvanie, Etats-Unis), qui n'a pas participé à ces travaux. D'autres effets, comme l'élévation du niveau des mers ou la recrudescence des événements météorologiques extrêmes ne marquent pas, eux non plus, le pas. Quant à la température, ajoute M. Mann, " si nous sommes tranquillisés par la situation actuelle, nous pourrions être pris par surprise lorsque l'oscillation du Pacifique changera de sens ".
Matthew England et ses collègues ne s'avancent pas à prévoir la fin de ce régime de vents anormal sur le Pacifique. " S'il persiste, notre modèle conserve l'hiatus presque jusqu'en 2020, avec des températures moyennes ne dépassant pas significativement le
niveau 2001-2010, écrivent-ils. Ce serait une réminiscence du long plateau relevé entre 1940 et 1975. " En revanche, si ces conditions particulières s'affaiblissent dans les prochaines années, " notre modèle suggère que l'hiatus actuel ne durera pas, avec un réchauffement rapide prêt à repartir peu de temps après ".
Cependant, même si le phénomène devait s'installer durablement sur le Pacifique – comme contrecoup du changement climatique, par exemple –, " la correction qu'il faudrait apporter au réchauffement de l'atmosphère d'ici à la fin du siècle ne serait que d'environ 0,2 °C, sur les 4 °C à 5 °C prévus en cas de non-limitation des émissions de gaz à effet de serre ".
Une réduction mineure qui n'empêcherait pas les effets négatifs du réchauffement de se manifester.
Stéphane Foucart
© Le Monde
Depuis un peu plus d'une décennie, la température moyenne de l'atmosphère n'augmente plus aussi vite qu'au cours des trente années précédentes. Ce fait pourrait n'être qu'anecdotique : seul 1 % de la chaleur introduite dans la machine climatique par les gaz à effet de serre anthropiques est en effet converti en réchauffement de l'atmosphère, quand 99 % contribuent à celui des océans, des terres émergées, à la fonte des glaces, etc.
Ce ralentissement alimente toutefois, dans la blogosphère, toutes sortes de spéculations sur une supposée " fin du réchauffement ". Dans les laboratoires, il suscite de nombreux travaux, dont les derniers ont été publiés, lundi 10 février, dans la revue Nature Climate Change.
De précédentes recherches avaient suggéré qu'une part de la chaleur ajoutée au système climatique par les émissions de gaz à effet de serre est, depuis le début des années 2000, soustraite à l'atmosphère pour être stockée dans les océans. Les nouvelles investigations, conduites par Matthew England (université de Nouvelles-Galles du Sud, Australie), vont plus loin. Elles identifient le mécanisme à l'origine de ce phénomène : la clé de l'énigme pourrait être une amplification des alizés soufflant sur le Pacifique.
L'intensification de ces vents accentue les remontées d'eau froides dans l'est du Pacifique et pousse les eaux chaudes équatoriales vers l'ouest du bassin, au large de l'Océanie. Là, des courants plongeants facilitent leur transfert vers l'océan profond. Une grande part des eaux de surface du Pacifique est ainsi " rafraîchie " par l'intensification des alizés. Selon le modèle utilisé par M. England et ses coauteurs, ce phénomène a fait perdre de 0,1 oC à 0,2 oC à la température moyenne mondiale en 2012.
Cependant, selon les chercheurs, cette modification du régime des vents équatoriaux n'est que momentanée. Elle est associée à un cycle naturel du Pacifique, qui oscille tous les vingt à quarante ans environ, entre une phase froide et une phase chaude. Depuis 2001, cette oscillation, dite Oscillation Pacifique interdécennale (IPO), est en phase froide. Les auteurs notent que c'était également le cas au cours d'" une autre période d'hiatus prolongé, entre 1940 et 1975 ", qui a vu une stagnation de la température moyenne de surface.
" Il faut garder à l'esprit qu'en prenant d'autres façons de mesurer le réchauffement, comme la fonte de la banquise arctique, le changement climatique se déroule en réalité déjà plus vite que prévu ", tempère Michael Mann, directeur du Earth System Science Center (université de Pennsylvanie, Etats-Unis), qui n'a pas participé à ces travaux. D'autres effets, comme l'élévation du niveau des mers ou la recrudescence des événements météorologiques extrêmes ne marquent pas, eux non plus, le pas. Quant à la température, ajoute M. Mann, " si nous sommes tranquillisés par la situation actuelle, nous pourrions être pris par surprise lorsque l'oscillation du Pacifique changera de sens ".
Matthew England et ses collègues ne s'avancent pas à prévoir la fin de ce régime de vents anormal sur le Pacifique. " S'il persiste, notre modèle conserve l'hiatus presque jusqu'en 2020, avec des températures moyennes ne dépassant pas significativement le
niveau 2001-2010, écrivent-ils. Ce serait une réminiscence du long plateau relevé entre 1940 et 1975. " En revanche, si ces conditions particulières s'affaiblissent dans les prochaines années, " notre modèle suggère que l'hiatus actuel ne durera pas, avec un réchauffement rapide prêt à repartir peu de temps après ".
Cependant, même si le phénomène devait s'installer durablement sur le Pacifique – comme contrecoup du changement climatique, par exemple –, " la correction qu'il faudrait apporter au réchauffement de l'atmosphère d'ici à la fin du siècle ne serait que d'environ 0,2 °C, sur les 4 °C à 5 °C prévus en cas de non-limitation des émissions de gaz à effet de serre ".
Une réduction mineure qui n'empêcherait pas les effets négatifs du réchauffement de se manifester.
Stéphane Foucart
© Le Monde
L'année 2013 est la sixième plus chaude depuis 1850le monde 5.02.2014
L'année 2013 se place au sixième rang des années les plus chaudes observées depuis le milieu du XIXe siècle, ex aequo avec 2007. Le bilan climatique préliminaire de l'année écoulée, rendu public mercredi 5 février par l'Organisation météorologique mondiale (OMM), précise en outre que la température moyenne à la surface de la Terre a été de 0,5 °C supérieure à la normale météorologique calculée sur la période 1961-1990.
Chaque année, l'OMM compile les données de trois laboratoires différents – le Goddard Institute for Space Studies (GISS), le National Climatic Data Center (NCDC) et le MetOffice britannique – afin d'établir le classement qui fait autorité.
Au total, selon celui-ci, treize des quatorze années les plus chaudes mesurées depuis la révolution industrielle appartiennent au XXIe siècle. La seule année du XXe siècle à se hisser à ce palmarès est 1998, marquée par un puissant El Niño, phénomène naturel et cyclique qui fait fortement grimper la température du Pacifique tropical tous les trois à sept ans, et donc la moyenne de la Terre.
" Réalité indéniable "
" La température moyenne de l'année 2013 confirme la tendance au réchauffement sur le long terme, a déclaré Michel Jarraud, secrétaire général de l'OMM. C'est là une réalité indéniable, même si le rythme du réchauffement n'est pas uniforme. " De fait, l'année écoulée ne se situe guère que 0,03 C au-dessus de la moyenne de la dernière décennie (2001-2010).
Cependant, ces fluctuations de court terme sont fortement liées aux oscillations périodiques entre le phénomène El Niño et son antagoniste " froid ", dit La Niña. Or 2013 a été une année " neutre ", où ni l'un ni l'autre ne vient perturber le climat mondial. Au palmarès de ces années neutres, 2013 remonte à la quatrième place des années les plus chaudes. Malgré l'absence d'El Niño, les événements extrêmes se sont multipliés, comme aux Philippines, ravagées en novembre 2013 par le typhon Haiyan.
Aux fluctuations, notées d'une année sur l'autre ou d'une décennie sur l'autre, s'ajoutent d'étonnantes sautes d'humeurs saisonnières. Dans son analyse annuelle, le GISS note ainsi que, si l'hémisphère Nord connaît des étés de plus en plus chauds, les hivers tendent à y être en moyenne légèrement plus rigoureux depuis une dizaine d'années, après s'être réchauffés pendant les trois précédentes décennies. Le laboratoire américain estime toutefois " improbable " que ce retournement de tendance se poursuive.
Dans l'hémisphère Sud, rien de cela : hivers comme étés sont toujours régulièrement plus chauds.
Le retour d'El Nino
Parmi les situations les plus extrêmes notées au cours de 2013, l'OMM relève " une chaleur exceptionnelle observée dans la Grande Baie australienne et les régions océaniques adjacentes, dans une partie du nord-est et du centre-sud de l'océan Pacifique et dans une grande partie de l'océan Arctique ". En Australie, 2013 a été l'année la plus chaude jamais mesurée.
Cette tendance ne s'arrêtera pas. " Vu les concentrations record de gaz à effet de serre qui sont mesurées dans l'atmosphère, la hausse des températures moyennes va se poursuivre sur plusieurs générations ", explique M. Jarraud.
Dans l'immédiat, toutes les spéculations sont permises pour 2014. Le retour possible du fameux El Niño est au centre d'une intense activité scientifique. Pas seulement pour savoir si l'année en cours battra un nouveau record de température : les prévisions des climatologues en la matière sont aussi auscultées par les spéculateurs.
Car le retour d'El Niño, " l'enfant terrible du Pacifique ", est source d'un grand nombre de perturbations météorologiques et océaniques qui affectent les productions primaires tout autour du globe : prises de pêche en berne dans le Pacifique sud, productions agricoles tropicales affectées (café, cacao, caoutchouc, etc.) ou encore inondations catastrophiques à attendre en Océanie.
Selon l'OMM, la persistance de conditions neutres ou l'apparition, " devenue plus probable ", d'un El Niño de faible intensité vers la mi-2014 sont des scénarios " aussi plausibles l'un que l'autre ".
Stéphane Foucart
© Le Monde
Chaque année, l'OMM compile les données de trois laboratoires différents – le Goddard Institute for Space Studies (GISS), le National Climatic Data Center (NCDC) et le MetOffice britannique – afin d'établir le classement qui fait autorité.
Au total, selon celui-ci, treize des quatorze années les plus chaudes mesurées depuis la révolution industrielle appartiennent au XXIe siècle. La seule année du XXe siècle à se hisser à ce palmarès est 1998, marquée par un puissant El Niño, phénomène naturel et cyclique qui fait fortement grimper la température du Pacifique tropical tous les trois à sept ans, et donc la moyenne de la Terre.
" Réalité indéniable "
" La température moyenne de l'année 2013 confirme la tendance au réchauffement sur le long terme, a déclaré Michel Jarraud, secrétaire général de l'OMM. C'est là une réalité indéniable, même si le rythme du réchauffement n'est pas uniforme. " De fait, l'année écoulée ne se situe guère que 0,03 C au-dessus de la moyenne de la dernière décennie (2001-2010).
Cependant, ces fluctuations de court terme sont fortement liées aux oscillations périodiques entre le phénomène El Niño et son antagoniste " froid ", dit La Niña. Or 2013 a été une année " neutre ", où ni l'un ni l'autre ne vient perturber le climat mondial. Au palmarès de ces années neutres, 2013 remonte à la quatrième place des années les plus chaudes. Malgré l'absence d'El Niño, les événements extrêmes se sont multipliés, comme aux Philippines, ravagées en novembre 2013 par le typhon Haiyan.
Aux fluctuations, notées d'une année sur l'autre ou d'une décennie sur l'autre, s'ajoutent d'étonnantes sautes d'humeurs saisonnières. Dans son analyse annuelle, le GISS note ainsi que, si l'hémisphère Nord connaît des étés de plus en plus chauds, les hivers tendent à y être en moyenne légèrement plus rigoureux depuis une dizaine d'années, après s'être réchauffés pendant les trois précédentes décennies. Le laboratoire américain estime toutefois " improbable " que ce retournement de tendance se poursuive.
Dans l'hémisphère Sud, rien de cela : hivers comme étés sont toujours régulièrement plus chauds.
Le retour d'El Nino
Parmi les situations les plus extrêmes notées au cours de 2013, l'OMM relève " une chaleur exceptionnelle observée dans la Grande Baie australienne et les régions océaniques adjacentes, dans une partie du nord-est et du centre-sud de l'océan Pacifique et dans une grande partie de l'océan Arctique ". En Australie, 2013 a été l'année la plus chaude jamais mesurée.
Cette tendance ne s'arrêtera pas. " Vu les concentrations record de gaz à effet de serre qui sont mesurées dans l'atmosphère, la hausse des températures moyennes va se poursuivre sur plusieurs générations ", explique M. Jarraud.
Dans l'immédiat, toutes les spéculations sont permises pour 2014. Le retour possible du fameux El Niño est au centre d'une intense activité scientifique. Pas seulement pour savoir si l'année en cours battra un nouveau record de température : les prévisions des climatologues en la matière sont aussi auscultées par les spéculateurs.
Car le retour d'El Niño, " l'enfant terrible du Pacifique ", est source d'un grand nombre de perturbations météorologiques et océaniques qui affectent les productions primaires tout autour du globe : prises de pêche en berne dans le Pacifique sud, productions agricoles tropicales affectées (café, cacao, caoutchouc, etc.) ou encore inondations catastrophiques à attendre en Océanie.
Selon l'OMM, la persistance de conditions neutres ou l'apparition, " devenue plus probable ", d'un El Niño de faible intensité vers la mi-2014 sont des scénarios " aussi plausibles l'un que l'autre ".
Stéphane Foucart
© Le Monde
" Apple City ", la face sauvage de l'urbanisation chinoise
Le monde 4.02.2014
A Zhengzhou, le fabricant d'iPhone, qui emploie 300 000 ouvriers, a généré une explosion urbaine anarchique et bon marché
Apple City ", la zone des usines Foxconn, le fabriquant taïwanais d'Apple, est une drôle de ville nouvelle, un patchwork de campagnes défigurées et d'ensembles urbains surpeuplés en périphérie sud de Zhengzhou, la capitale de la province du Henan. L'implantation des usines et de leurs 300 000 ouvriers, il y a deux ans, a bouleversé la géographie locale, comme soufflée par une explosion urbaine aussi anarchique que bon marché. Les villages ont éclaté, les bourgs ont été transpercés par des avenues à quatre voies, les champs de maïs sont engloutis par les chantiers.
A Dazhai, l'un des villages en bordure des immenses bâtiments rectangulaires des usines, on zigzague entre les tranchées et les tas de sable : des paysans viennent de faire bâtir à la va-vite des cubes en brique de trois étages proposant des " chambres standard, avec eau chaude et Internet ". Les ruelles en mauvais béton ou en terre battue grouillent de jeunes gens. Les petits rentiers du village semblent heureux comme des coqs en pâte : " les affaires tournent ", glisse une femme un peu forte dont la famille loue, dit-elle, 62 chambres à 600 yuans (73 euros) par mois.
Outre les quelques ouvriers réfractaires au dortoir ou vivant en couple, ces marchands de sommeil logent les milliers de commerçants ou d'employés de service attirés par cette économie de la sueur aux marges minuscules et à la concurrence féroce : même sous-payé, l'ouvrier de Foxconn consomme.
C'est dans les bourgs qu'ont été construits les dortoirs de Foxconn. Des sociétés de gestion locale touchent les loyers prélevés sur les salaires par l'employeur. Dans ces rangées d'immeubles bordées de commerces, les chambrées de huit sont éclairées au néon et déjà en piteux état.
" Apple City " représente le stade primitif de l'urbanisation, une ville sauvage où rien n'est fait pour durer : les infrastructures sont sous-dimensionnées et les matériaux de piètre qualité. " Cela a l'air joyeux après le travail, il y a plein de jeunes, tout le monde s'amuse, mais il ne faut pas se fier aux apparences ", dit Liu Yang, 27 ans, originaire de Sanmenxia, la région des rives du fleuve Jaune à l'ouest de Zhengzhou, désemparé face à cette concentration inouïe de jeunes prolétaires livrés à eux-mêmes. Devenu contremaître chez Foxconn, Yang avait accumulé un petit pécule. Mais il s'est lancé dans une affaire commerciale et a tout perdu. Le revoilà à la case départ, simple ouvrier.
La discipline règne dans les usines, mais à l'extérieur, c'est la loi de la jungle : autant dire qu'en cas d'ennui, il est illusoire de compter sur la police ou les gardes de sécurité. Toute une petite mafia vampirise les plus vulnérables.
Foxconn peine d'ailleurs à recruter. Xiao Bing, un ancien employé qui tient une petite officine de recrutement, se plaint de la difficulté de trouver des " clients ". Un, deux par jour au maximum. Le pré-entretien est sommaire, il suffit d'une carte d'identité. L'âge maximum a dû être relevé de 35 à 40 ans, car les gens, dit-il, sont " en transit permanent ".
" Je pensais faire venir ma femme et mon fils, mais c'est impensable ! ", lance Wang, un solide gaillard de 36 ans aux cheveux courts grisonnants qui ronge son frein à la sortie de l'usine. Il vient d'un comté rural d'Anyang, au nord de la province, où il a quitté un travail trop " pénible " et " sale " dans une aciérie pour un emploi chez Foxconn. Il a déchanté : le dortoir est à une heure en bus et lui coûte 800 yuans (97 euros) par mois avec la nourriture. Ne lui restent que 1 000 yuans (121 euros) nets mensuels, hors heures supplémentaires. Moins qu'à l'aciérie où il gagnait 3 000 yuans par mois pour huit heures de travail. " Ce sont des voleurs ", dit-il de ses nouveaux employeurs.
Cet espoir déçu est révélateur : en rapprochant les usines des réservoirs de main-d'œuvre comme le Henan, province pauvre peuplée de 95 millions de personnes au centre de la Chine, les délocalisations industrielles internes étaient censées faciliter l'urbanisation des migrants locaux. Mais pour ces jeunes Henanais, se retrouver en dortoir dans sa province d'origine a plus le goût d'une défaite que d'une promotion sociale : " Je gagne moins qu'à Shanghaï dans l'électronique en 2008 ! ", s'indigne Xiaodeng, 31 ans, perché sur la couchette supérieure d'un lit à étage dans le dortoir qu'il partage avec cinq autres ouvriers. Ces conditions de vie ne poussent pas non plus ce jeune père de famille à s'imaginer un avenir dans cette ville-usine.
Pourtant, la " zone d'économie aéroportuaire " où se trouve Foxconn fait l'objet d'une vaste réorganisation administrative : érigée, en 2013, en nouveau district de Zhengzhou, elle doit voir sa population passer de 600 000 à 4 millions d'habitants. C'est ainsi que s'édifient les " ruralopoles " chinoises, selon l'expression imaginée en 2000 par l'urbaniste Mohammed Kadïr pour désigner les zones rurales à forte densité de population qui se forment dans l'Asie émergente.
L'objectif, explique Liu Shaojun, un professeur d'urbanisme de l'Université de Zhengzhou qui a participé aux réflexions sur la future conurbation, est " d'éviter de trop dépendre de Foxconn et de diversifier les industries ". D'ici cinq ans, certains villages seront rasés et absorbés par des bourgs. Leur population sera relogée dans des immeubles. Il y aura des logements sociaux. Mais pas pour les ouvriers de Foxconn : " Il faudrait qu'ils bénéficient des droits des citadins. " Or, explique t-il, " ils bougent trop " !
Cette incompatibilité s'explique : les ouvriers de Foxconn conservent le permis de résidence de leur zone rurale d'origine, car aucune des nombreuses localités que chevauchent les usines n'aurait les moyens d'intégrer autant de résidents d'un coup. Par ailleurs, les villages autour de l'usine Foxconn, où les terres sont collectives, fonctionnent, eux, en autogestion. Les habitants, responsables des infrastructures, se soucient comme d'une guigne de rationalité urbaine et d'environnement. Seuls importent les profits.
Cet écosystème permet à Foxconn de fabriquer ses iPhones à un coût enviable : l'urbanisation " de qualité " promue par la nouvelle équipe de dirigeants chinois n'entre pas dans ses calculs ni dans ceux de localités déresponsabilisées et âpres au gain. " L'approche qui domine en Chine est très pragmatique. Les grandes villes intègrent ceux qui les intéressent, qui ont des diplômes ou se prennent en charge. On n'est pas dans une logique d'Etat-providence, ni d'égalité des droits ", explique la sinologue Chloé Froissart, qui a analysé ce processus dans La Chine et ses migrants. La conquête d'une citoyenneté (Presses universitaires de Rennes, 2013). Selon Mme Froissart, l'urbanisation à deux vitesses a de beaux jours devant elle.
Dans les salons de karaoké aménagés en sous-sol des dortoirs, les jeunes ouvriers assurent qu'ils n'ont pas l'intention de moisir à " Apple City ". Certes, ils aimeraient vivre à Zhengzhou, la capitale. L'obtention d'un hukou (passeport intérieur) urbain, possible selon certaines conditions, n'est pas leur priorité. Ils craignent trop le chômage. Eux aussi veulent d'abord gagner de l'argent.
Liu Yang, l'ancien contremaître, s'interroge. " S'il n'y a plus de travail, je n'ai plus rien. Avec mon hukou, j'ai toujours une terre. " En attendant, il devra s'accommoder de sa condition de citadin en transit. Comme des centaines de milliers d'autres.
Brice Pedroletti
Le monde 4.02.2014
A Zhengzhou, le fabricant d'iPhone, qui emploie 300 000 ouvriers, a généré une explosion urbaine anarchique et bon marché
Apple City ", la zone des usines Foxconn, le fabriquant taïwanais d'Apple, est une drôle de ville nouvelle, un patchwork de campagnes défigurées et d'ensembles urbains surpeuplés en périphérie sud de Zhengzhou, la capitale de la province du Henan. L'implantation des usines et de leurs 300 000 ouvriers, il y a deux ans, a bouleversé la géographie locale, comme soufflée par une explosion urbaine aussi anarchique que bon marché. Les villages ont éclaté, les bourgs ont été transpercés par des avenues à quatre voies, les champs de maïs sont engloutis par les chantiers.
A Dazhai, l'un des villages en bordure des immenses bâtiments rectangulaires des usines, on zigzague entre les tranchées et les tas de sable : des paysans viennent de faire bâtir à la va-vite des cubes en brique de trois étages proposant des " chambres standard, avec eau chaude et Internet ". Les ruelles en mauvais béton ou en terre battue grouillent de jeunes gens. Les petits rentiers du village semblent heureux comme des coqs en pâte : " les affaires tournent ", glisse une femme un peu forte dont la famille loue, dit-elle, 62 chambres à 600 yuans (73 euros) par mois.
Outre les quelques ouvriers réfractaires au dortoir ou vivant en couple, ces marchands de sommeil logent les milliers de commerçants ou d'employés de service attirés par cette économie de la sueur aux marges minuscules et à la concurrence féroce : même sous-payé, l'ouvrier de Foxconn consomme.
C'est dans les bourgs qu'ont été construits les dortoirs de Foxconn. Des sociétés de gestion locale touchent les loyers prélevés sur les salaires par l'employeur. Dans ces rangées d'immeubles bordées de commerces, les chambrées de huit sont éclairées au néon et déjà en piteux état.
" Apple City " représente le stade primitif de l'urbanisation, une ville sauvage où rien n'est fait pour durer : les infrastructures sont sous-dimensionnées et les matériaux de piètre qualité. " Cela a l'air joyeux après le travail, il y a plein de jeunes, tout le monde s'amuse, mais il ne faut pas se fier aux apparences ", dit Liu Yang, 27 ans, originaire de Sanmenxia, la région des rives du fleuve Jaune à l'ouest de Zhengzhou, désemparé face à cette concentration inouïe de jeunes prolétaires livrés à eux-mêmes. Devenu contremaître chez Foxconn, Yang avait accumulé un petit pécule. Mais il s'est lancé dans une affaire commerciale et a tout perdu. Le revoilà à la case départ, simple ouvrier.
La discipline règne dans les usines, mais à l'extérieur, c'est la loi de la jungle : autant dire qu'en cas d'ennui, il est illusoire de compter sur la police ou les gardes de sécurité. Toute une petite mafia vampirise les plus vulnérables.
Foxconn peine d'ailleurs à recruter. Xiao Bing, un ancien employé qui tient une petite officine de recrutement, se plaint de la difficulté de trouver des " clients ". Un, deux par jour au maximum. Le pré-entretien est sommaire, il suffit d'une carte d'identité. L'âge maximum a dû être relevé de 35 à 40 ans, car les gens, dit-il, sont " en transit permanent ".
" Je pensais faire venir ma femme et mon fils, mais c'est impensable ! ", lance Wang, un solide gaillard de 36 ans aux cheveux courts grisonnants qui ronge son frein à la sortie de l'usine. Il vient d'un comté rural d'Anyang, au nord de la province, où il a quitté un travail trop " pénible " et " sale " dans une aciérie pour un emploi chez Foxconn. Il a déchanté : le dortoir est à une heure en bus et lui coûte 800 yuans (97 euros) par mois avec la nourriture. Ne lui restent que 1 000 yuans (121 euros) nets mensuels, hors heures supplémentaires. Moins qu'à l'aciérie où il gagnait 3 000 yuans par mois pour huit heures de travail. " Ce sont des voleurs ", dit-il de ses nouveaux employeurs.
Cet espoir déçu est révélateur : en rapprochant les usines des réservoirs de main-d'œuvre comme le Henan, province pauvre peuplée de 95 millions de personnes au centre de la Chine, les délocalisations industrielles internes étaient censées faciliter l'urbanisation des migrants locaux. Mais pour ces jeunes Henanais, se retrouver en dortoir dans sa province d'origine a plus le goût d'une défaite que d'une promotion sociale : " Je gagne moins qu'à Shanghaï dans l'électronique en 2008 ! ", s'indigne Xiaodeng, 31 ans, perché sur la couchette supérieure d'un lit à étage dans le dortoir qu'il partage avec cinq autres ouvriers. Ces conditions de vie ne poussent pas non plus ce jeune père de famille à s'imaginer un avenir dans cette ville-usine.
Pourtant, la " zone d'économie aéroportuaire " où se trouve Foxconn fait l'objet d'une vaste réorganisation administrative : érigée, en 2013, en nouveau district de Zhengzhou, elle doit voir sa population passer de 600 000 à 4 millions d'habitants. C'est ainsi que s'édifient les " ruralopoles " chinoises, selon l'expression imaginée en 2000 par l'urbaniste Mohammed Kadïr pour désigner les zones rurales à forte densité de population qui se forment dans l'Asie émergente.
L'objectif, explique Liu Shaojun, un professeur d'urbanisme de l'Université de Zhengzhou qui a participé aux réflexions sur la future conurbation, est " d'éviter de trop dépendre de Foxconn et de diversifier les industries ". D'ici cinq ans, certains villages seront rasés et absorbés par des bourgs. Leur population sera relogée dans des immeubles. Il y aura des logements sociaux. Mais pas pour les ouvriers de Foxconn : " Il faudrait qu'ils bénéficient des droits des citadins. " Or, explique t-il, " ils bougent trop " !
Cette incompatibilité s'explique : les ouvriers de Foxconn conservent le permis de résidence de leur zone rurale d'origine, car aucune des nombreuses localités que chevauchent les usines n'aurait les moyens d'intégrer autant de résidents d'un coup. Par ailleurs, les villages autour de l'usine Foxconn, où les terres sont collectives, fonctionnent, eux, en autogestion. Les habitants, responsables des infrastructures, se soucient comme d'une guigne de rationalité urbaine et d'environnement. Seuls importent les profits.
Cet écosystème permet à Foxconn de fabriquer ses iPhones à un coût enviable : l'urbanisation " de qualité " promue par la nouvelle équipe de dirigeants chinois n'entre pas dans ses calculs ni dans ceux de localités déresponsabilisées et âpres au gain. " L'approche qui domine en Chine est très pragmatique. Les grandes villes intègrent ceux qui les intéressent, qui ont des diplômes ou se prennent en charge. On n'est pas dans une logique d'Etat-providence, ni d'égalité des droits ", explique la sinologue Chloé Froissart, qui a analysé ce processus dans La Chine et ses migrants. La conquête d'une citoyenneté (Presses universitaires de Rennes, 2013). Selon Mme Froissart, l'urbanisation à deux vitesses a de beaux jours devant elle.
Dans les salons de karaoké aménagés en sous-sol des dortoirs, les jeunes ouvriers assurent qu'ils n'ont pas l'intention de moisir à " Apple City ". Certes, ils aimeraient vivre à Zhengzhou, la capitale. L'obtention d'un hukou (passeport intérieur) urbain, possible selon certaines conditions, n'est pas leur priorité. Ils craignent trop le chômage. Eux aussi veulent d'abord gagner de l'argent.
Liu Yang, l'ancien contremaître, s'interroge. " S'il n'y a plus de travail, je n'ai plus rien. Avec mon hukou, j'ai toujours une terre. " En attendant, il devra s'accommoder de sa condition de citadin en transit. Comme des centaines de milliers d'autres.
Brice Pedroletti
«Les Belges sont ennuyeux, les Italiens racistes»: la carte de l’Europe par Google
LE soir 28 janvier 2014
Un Américain a imaginé une carte de l’Europe originale basée sur les recherches des internautes sur le moteur de recherche Google.Une carte de l’Europe sur laquelle les noms des pays sont remplacés en fonction des recherches Google. Cette carte, surprenante par les termes qui ressortent pour désigner certains pays, est l’œuvre de Randal Olson, un diplômé américain spécialisé en informatique et assistant de recherche à l’Université d’État du Michigan. Chaque état y est en fait déterminé en fonction d’une question : « Pourquoi [inscrivez-le-nom-du-pays-de-votre-choix] est-il si… ».
LE soir 28 janvier 2014
Un Américain a imaginé une carte de l’Europe originale basée sur les recherches des internautes sur le moteur de recherche Google.Une carte de l’Europe sur laquelle les noms des pays sont remplacés en fonction des recherches Google. Cette carte, surprenante par les termes qui ressortent pour désigner certains pays, est l’œuvre de Randal Olson, un diplômé américain spécialisé en informatique et assistant de recherche à l’Université d’État du Michigan. Chaque état y est en fait déterminé en fonction d’une question : « Pourquoi [inscrivez-le-nom-du-pays-de-votre-choix] est-il si… ».
L’américain a ainsi remplacé chaque nom de pays par un terme, terme proposé par Google en fonction des recherches des internautes. « Les suggestions renvoyées par la saisie semi-automatique reflètent les activités de recherche de l’ensemble des internautes et le contenu des pages Web indexées par Google »,nous explique Google dans son centre de support.
Avec cette méthode, on apprend ainsi que nos voisins Français sont « gays » tandis que nous, les Belges, sommes vus comme « ennuyeux ». Et la palme du pire cliché revient sans aucun doute aux Italiens qui sont considérés par les internautes comme étant « racistes ».
La démarche prête à sourire. Nous avons fait nous-mêmes le test sur Google. Le résultat pour la Belgique est un peu différent de celui relevé par Randal Olson. Nous passons d’« ennuyeux » à « riches ».
Avec cette méthode, on apprend ainsi que nos voisins Français sont « gays » tandis que nous, les Belges, sommes vus comme « ennuyeux ». Et la palme du pire cliché revient sans aucun doute aux Italiens qui sont considérés par les internautes comme étant « racistes ».
La démarche prête à sourire. Nous avons fait nous-mêmes le test sur Google. Le résultat pour la Belgique est un peu différent de celui relevé par Randal Olson. Nous passons d’« ennuyeux » à « riches ».
Pour nos amis Italiens, le résultat est identique à celui relevé sur la carte mais on se rend compte, en prime, qu’entre soupçons de « racisme » et de « corruptions » que les Italiens n’ont visiblement pas bonne réputation.
Malgré ces divergences, qui dépendent de la localisation géographique et des recherches précédentes de l’internaute sur Google, les résultats en disent quand même long sur les clichés véhiculés sur chaque pays à travers le monde.
Pour anecdote, la recherche semi-automatique de Google a été épinglée en mai dernier par la Cour de justice fédérale allemande comme le relate cet article de 01.net. Selon cette dernière, certains résultats pouvaient porter préjudice aux particuliers ou aux entreprises. La Cour n’a pas demandé la suppression de l’algorithme mais a affirmé que le géant du Net était responsable auprès de particuliers dès lors qu’ils y voyaient un préjudice. Les résultats proposés devraient alors être supprimés, à la demande des préjudiciés.
Malgré ces divergences, qui dépendent de la localisation géographique et des recherches précédentes de l’internaute sur Google, les résultats en disent quand même long sur les clichés véhiculés sur chaque pays à travers le monde.
Pour anecdote, la recherche semi-automatique de Google a été épinglée en mai dernier par la Cour de justice fédérale allemande comme le relate cet article de 01.net. Selon cette dernière, certains résultats pouvaient porter préjudice aux particuliers ou aux entreprises. La Cour n’a pas demandé la suppression de l’algorithme mais a affirmé que le géant du Net était responsable auprès de particuliers dès lors qu’ils y voyaient un préjudice. Les résultats proposés devraient alors être supprimés, à la demande des préjudiciés.
«La zone du canal n’est pas digne de Bruxelles»Vanessa Lhuillier
Mis en ligne vendredi 24 janvier 2014, 13h19
urbanisme Présentation du plan canal par l’urbaniste Alexandre Chemetoff aux députés bruxellois
L a zone du canal n’est pas digne de Bruxelles. » L’urbaniste français Alexandre Chemetoff n’a pas mâché ses mots jeudi lors de la présentation du plan canal aux députés bruxellois. Depuis un peu plus d’un an et demi, il a été mandaté par la Région pour travailler sur une nouvelle urbanisation de cette zone, afin de mêler harmonieusement les fonctions résidentielles, qui permettent une valorisation plus importante des terrains, avec les fonctions économiques et le passé industriel.
Comme base de travail, l’urbaniste a pris quelque 300 hectares sur lesquels la Région bruxelloise peut agir directement et influencer un renouveau le long des berges. Ainsi, six zones ont été sélectionnées : Biestebroeck, Birmingham, Sainctelette, Armateurs, Van Praet et Buda à Neder-over-Hembeek. « Il est important que la Région impose le tempo en concertation avec les acteurs privés qui peuvent développer du logement, précise Alexandre Chemetoff. Actuellement, il est totalement aberrant d’avoir un terrain à Biestebroeck sur lequel la Stib stocke à ciel ouvert des rails de chemin de fer. La Stib travaille pour la collectivité et c’est donc dans son intérêt de mieux valoriser ce lieu. Idem pour les garages de Birmingham ou les ferrailleurs de l’Allée verte qui porte d’ailleurs très mal son nom. »
Le plan prévoit ainsi une densification des terrains qui longent le canal pour augmenter le nombre logements tout en définissant des zones au caractère plus industriel, Bruxelles étant limitée par la frontière régionale. « Si les politiques décident de mettre les activités économiques du côté de Schaerbeek Formation, c’est un choix. Ce sont des décisions lourdes mais la Région devrait être la seule à avoir le pouvoir de planifier cela. »
Les députés craignent tous de ne jamais voir les réalisations concrètes de ce plan, vus les délais très importants que connaissent tous les projets urbanistiques de grande ampleur en Région bruxelloise. « Vous avez travaillé sur un domaine public de 300 hectares qui n’existe pas vraiment, a rétorqué Marie Nagy (Ecolo). La culture de l’aménagement du territoire à Bruxelles ne permet pas de développer des projets d’une telle envergure. Personnellement, je crains que les changements sur Schaerbeek Formation n’arrivent pas avant 2050. »
Ce sentiment d’impuissance était également partagé par le député et échevin de l’Urbanisme d’Anderlecht, Gaëtan Van Goidsenhoven (MR). « Cette culture du réaménagement doit changer, s’est emporté Alexandre Chemetoff. Il faut enfin avoir le courage de faire des choses pertinentes. Il faut apporter quelque chose par rapport à la situation existante qui est une situation de crise. C’est mon rôle de vous dire des choses que vous n’avez pas envie d’entendre. Vous me dites que cela ne va pas assez vite mais c’est à vous de décider d’aller plus vite en ne bloquant pas tous les dossiers. Si vous voulez un jour pouvoir revendiquer ces nouveaux quartiers, vous devez avancer maintenant ! »
le soir,be
Onze milliards de terriens en 2100, dont 3 milliards auront plus de 60 ans
Le Monde.fr avec AFP | 13.06.2013 à 20h55 • Mis à jour le 13.06.2013 à 20h55
Mis en ligne vendredi 24 janvier 2014, 13h19
urbanisme Présentation du plan canal par l’urbaniste Alexandre Chemetoff aux députés bruxellois
L a zone du canal n’est pas digne de Bruxelles. » L’urbaniste français Alexandre Chemetoff n’a pas mâché ses mots jeudi lors de la présentation du plan canal aux députés bruxellois. Depuis un peu plus d’un an et demi, il a été mandaté par la Région pour travailler sur une nouvelle urbanisation de cette zone, afin de mêler harmonieusement les fonctions résidentielles, qui permettent une valorisation plus importante des terrains, avec les fonctions économiques et le passé industriel.
Comme base de travail, l’urbaniste a pris quelque 300 hectares sur lesquels la Région bruxelloise peut agir directement et influencer un renouveau le long des berges. Ainsi, six zones ont été sélectionnées : Biestebroeck, Birmingham, Sainctelette, Armateurs, Van Praet et Buda à Neder-over-Hembeek. « Il est important que la Région impose le tempo en concertation avec les acteurs privés qui peuvent développer du logement, précise Alexandre Chemetoff. Actuellement, il est totalement aberrant d’avoir un terrain à Biestebroeck sur lequel la Stib stocke à ciel ouvert des rails de chemin de fer. La Stib travaille pour la collectivité et c’est donc dans son intérêt de mieux valoriser ce lieu. Idem pour les garages de Birmingham ou les ferrailleurs de l’Allée verte qui porte d’ailleurs très mal son nom. »
Le plan prévoit ainsi une densification des terrains qui longent le canal pour augmenter le nombre logements tout en définissant des zones au caractère plus industriel, Bruxelles étant limitée par la frontière régionale. « Si les politiques décident de mettre les activités économiques du côté de Schaerbeek Formation, c’est un choix. Ce sont des décisions lourdes mais la Région devrait être la seule à avoir le pouvoir de planifier cela. »
Les députés craignent tous de ne jamais voir les réalisations concrètes de ce plan, vus les délais très importants que connaissent tous les projets urbanistiques de grande ampleur en Région bruxelloise. « Vous avez travaillé sur un domaine public de 300 hectares qui n’existe pas vraiment, a rétorqué Marie Nagy (Ecolo). La culture de l’aménagement du territoire à Bruxelles ne permet pas de développer des projets d’une telle envergure. Personnellement, je crains que les changements sur Schaerbeek Formation n’arrivent pas avant 2050. »
Ce sentiment d’impuissance était également partagé par le député et échevin de l’Urbanisme d’Anderlecht, Gaëtan Van Goidsenhoven (MR). « Cette culture du réaménagement doit changer, s’est emporté Alexandre Chemetoff. Il faut enfin avoir le courage de faire des choses pertinentes. Il faut apporter quelque chose par rapport à la situation existante qui est une situation de crise. C’est mon rôle de vous dire des choses que vous n’avez pas envie d’entendre. Vous me dites que cela ne va pas assez vite mais c’est à vous de décider d’aller plus vite en ne bloquant pas tous les dossiers. Si vous voulez un jour pouvoir revendiquer ces nouveaux quartiers, vous devez avancer maintenant ! »
le soir,be
Onze milliards de terriens en 2100, dont 3 milliards auront plus de 60 ans
Le Monde.fr avec AFP | 13.06.2013 à 20h55 • Mis à jour le 13.06.2013 à 20h55
Une plage en Chine. | AFP/STR
La population mondiale, aujourd'hui de 7,2 milliards d'individus, devrait atteindre 8,1 milliards en 2025, 9,6 milliards en 2050 et 10,9 milliards en 2100, selon un rapport des Nations unies publié jeudi 13 juin. Cette population avance rapidement en âge : le nombre de personnes de 60 ans et plus devrait tripler d'ici à 2100 (de 841 millions aujourd'hui à 2 milliards en 2050 et près de 3 milliards en 2100).Cette évolution sera encore plus marquée dans les pays en développement en raison de la baisse de la fécondité et de l'augmentation de l'espérance de vie (81 ans vers 2095, contre 89 ans dans les pays riches). La proportion de seniors dans les pays en développement passera de 9 % aujourd'hui à 19 % en 2050 et 27 % en 2100 (contre 22 % d'enfants de moins de 15 ans). Les 80 ans et plus seront sept fois plus nombreux à la fin du siècle (830 millions contre 120 millions aujourd'hui) et les deux tiers vivront dans des pays en développement.
Ces prévisions ont été revues à la hausse par rapport aux chiffres précédents datant de 2010 (qui tablaient sur 9,3 milliards d'individus en 2050 et 10,1 milliards en 2100) en raison d'une hausse de la fécondité dans l'Afrique subsaharienne, selon John Wilmoth, directeur de la démographie au département des affaires économiques et sociales de l'ONU (DESA). Ces estimations sont fondées sur un "scénario médian", a-t-il souligné. "Le rythme de baisse de la fécondité dans beaucoup de pays africains pourrait se révéler plus rapide ou plus lent."
4,2 MILLIARDS D'AFRICAINS EN 2100
Selon le rapport, intitulé "Perspectives démographiques mondiales, révision de 2012", c'est l'Afrique qui assurera plus de la moitié de la croissance de la population mondiale, passant de 1,1 milliard d'habitants à 2,4 milliards en 2050 et 4,2 milliards en 2100.
La population dans le reste du monde ne devrait augmenter que de 10 % entre 2013 et 2100 tandis que l'Europe verra sa population baisser de 14 %. La quasi-totalité des pays européens n'arrivent en effet pas à renouveler leur population, avec 1,5 enfant par femme aujourd'hui en moyenne et à peine 1,9 en 2100.
L'INDE DEVANT LA CHINE EN 2028
L'Inde devrait dépasser la Chine comme pays le plus peuplé de la planète aux alentours de 2028, avec 1,45 milliard d'habitants, et continuer sur cette lancée jusqu'à 1,5 milliard en 2100 (contre 1,1 milliard en Chine).
Avant 2050, les Nigérians devraient être plus nombreux que les Américains et se retrouver au niveau de la Chine à la fin du siècle. Plusieurs pays, surtout africains, devraient passer la barre des 200 millions d'habitants avant 2100 dont le Pakistan, la Tanzanie, la République démocratique du Congo, l'Ethiopie, l'Ouganda et le Niger.
Par contre, une douzaine de pays, la plupart en Europe centrale et de l'Est, verront leur population chuter de plus de 15 % d'ici à 2050 : la Biélorussie, la Bulgarie, la Croatie, Cuba, la Géorgie, la Lettonie, la Lituanie, la Moldavie, la Roumanie, la Russie, la Serbie, l'Ukraine. Biélorussie, Moldavie, Russie et Ukraine ont aujourd'hui l'espérance de vie la plus faible de tous les pays développés, avec moins de 70 ans.
En ce qui concerne les courants migratoires, l'étude cite parmi les principaux pays d'accueil sur la période 2010-2050 les Etats-Unis (1 million d'immigrés par an en moyenne), le Canada (205 000), le Royaume-Uni (172 500), l'Australie (150 000), l'Italie (131 250), la Russie (127 500), la France (106 250) et l'Espagne (102 500).
La population mondiale, aujourd'hui de 7,2 milliards d'individus, devrait atteindre 8,1 milliards en 2025, 9,6 milliards en 2050 et 10,9 milliards en 2100, selon un rapport des Nations unies publié jeudi 13 juin. Cette population avance rapidement en âge : le nombre de personnes de 60 ans et plus devrait tripler d'ici à 2100 (de 841 millions aujourd'hui à 2 milliards en 2050 et près de 3 milliards en 2100).Cette évolution sera encore plus marquée dans les pays en développement en raison de la baisse de la fécondité et de l'augmentation de l'espérance de vie (81 ans vers 2095, contre 89 ans dans les pays riches). La proportion de seniors dans les pays en développement passera de 9 % aujourd'hui à 19 % en 2050 et 27 % en 2100 (contre 22 % d'enfants de moins de 15 ans). Les 80 ans et plus seront sept fois plus nombreux à la fin du siècle (830 millions contre 120 millions aujourd'hui) et les deux tiers vivront dans des pays en développement.
Ces prévisions ont été revues à la hausse par rapport aux chiffres précédents datant de 2010 (qui tablaient sur 9,3 milliards d'individus en 2050 et 10,1 milliards en 2100) en raison d'une hausse de la fécondité dans l'Afrique subsaharienne, selon John Wilmoth, directeur de la démographie au département des affaires économiques et sociales de l'ONU (DESA). Ces estimations sont fondées sur un "scénario médian", a-t-il souligné. "Le rythme de baisse de la fécondité dans beaucoup de pays africains pourrait se révéler plus rapide ou plus lent."
4,2 MILLIARDS D'AFRICAINS EN 2100
Selon le rapport, intitulé "Perspectives démographiques mondiales, révision de 2012", c'est l'Afrique qui assurera plus de la moitié de la croissance de la population mondiale, passant de 1,1 milliard d'habitants à 2,4 milliards en 2050 et 4,2 milliards en 2100.
La population dans le reste du monde ne devrait augmenter que de 10 % entre 2013 et 2100 tandis que l'Europe verra sa population baisser de 14 %. La quasi-totalité des pays européens n'arrivent en effet pas à renouveler leur population, avec 1,5 enfant par femme aujourd'hui en moyenne et à peine 1,9 en 2100.
L'INDE DEVANT LA CHINE EN 2028
L'Inde devrait dépasser la Chine comme pays le plus peuplé de la planète aux alentours de 2028, avec 1,45 milliard d'habitants, et continuer sur cette lancée jusqu'à 1,5 milliard en 2100 (contre 1,1 milliard en Chine).
Avant 2050, les Nigérians devraient être plus nombreux que les Américains et se retrouver au niveau de la Chine à la fin du siècle. Plusieurs pays, surtout africains, devraient passer la barre des 200 millions d'habitants avant 2100 dont le Pakistan, la Tanzanie, la République démocratique du Congo, l'Ethiopie, l'Ouganda et le Niger.
Par contre, une douzaine de pays, la plupart en Europe centrale et de l'Est, verront leur population chuter de plus de 15 % d'ici à 2050 : la Biélorussie, la Bulgarie, la Croatie, Cuba, la Géorgie, la Lettonie, la Lituanie, la Moldavie, la Roumanie, la Russie, la Serbie, l'Ukraine. Biélorussie, Moldavie, Russie et Ukraine ont aujourd'hui l'espérance de vie la plus faible de tous les pays développés, avec moins de 70 ans.
En ce qui concerne les courants migratoires, l'étude cite parmi les principaux pays d'accueil sur la période 2010-2050 les Etats-Unis (1 million d'immigrés par an en moyenne), le Canada (205 000), le Royaume-Uni (172 500), l'Australie (150 000), l'Italie (131 250), la Russie (127 500), la France (106 250) et l'Espagne (102 500).